Etroitement connecté au bouddhime et au brahmanisme, l’animisme au Cambodge est le fondement de la vie religieuse de certaines tribus minoritaires, notamment chez les Khmers loeu, dans le nord-est du pays.
Certains ont pu affirmer qu’être Khmer, c’est être bouddhiste. C’est en grande partie vrai, tant la pagode et ses enseignements cimente la société, mais c’est oublier l’interconnexion subtile entre les 3 courants religieux qui maintiennent harmonieusement le cosmos, le cycle des saisons et les forces de la nature.
L'animisme permet d'expliquer et d'organiser la vie en ce bas-monde,
Le bouddhisme aide à espérer en un monde futur meilleur,
Le brahmanisme demeure traditionnellement le cadre et le support de certains rituels.
S’agissant plus d’une philosophie ou d’une morale que d’une religion, le bouddhisme s’est propagé pacifiquement, relayant la doctrine de Bouddha. Cette appellation générique de « l’homme qui a connu l’illumination » fait référence à de nombreux saints, mais on retient surtout Gautama Siddarta qui serait né en Inde vers 543 avant Jésus-Christ.
Son enseignement repose sur trois "Joyaux" ou trois "refuges" : le Bouddha, son dharma (sa Loi) et la sangha (la communauté bouddhique). Il conserve aussi les anciennes théories indiennes de la réincarnation (Samsara) et du Karma.
Le Bouddhisme du "Petit Véhicule" ou Theravada ou Hinayana ou encore Voie étroite, est pratiqué essentiellement en Asie du sud-est par les Khmers et les Laos. L'Hinayana considère que le Bouddha est un maître qui s'est simplement contenté de montrer la voie. Il ne peut pas aider l'homme à se purifier ni à prendre le bon chemin : il est dit "Le Bouddha ne vous protège pas".
C'est une doctrine parfaitement athée : pas de dieu(x) ni de saints, de paradis ou d'enfer. Chacun tend au Nirvana, c'est-à-dire l'anéantissement total du désir et par conséquent la fin du cycle des réincarnations (Samsara).
Le Bouddhisme du "Grand Véhicule" ou Mahayna a été adopté en Inde après la mort du roi Asoka. Il ajoute à l'enseignement du Bouddha toute une doctrine théiste imprégnée de magie et de symbolisme.
Pratiqué par les Chinois et les Vietnamiens, (mais on le trouve aussi en Inde, en Chine et en Corée) il ajoute des intermédiaires entre l'homme et le divin : les Boddhisattva ou "futurs Bouddhas", qui ont atteint l'illumination, mais qui retardent leur entrée dans le Nirvana pour aider leurs frères humains.
Le panthéon khmer héberge plusieurs divinités vivant en parfaite harmonie avec le bouddhisme :
- Les génies de l’eau, du sol, du soleil, de la lune... Par exemple, Krong Pali (le Naga, maître du sol) est honoré par des offrandes à chaque prise de terre (à l’occasion d’une nouvelle rizière ou pour bâtir une maison)
- Les dieux et déesses du panthéon indien : Indra, Vishnou, Shiva, Ganesh...
- Les animaux naturels ou mythiques : crocodile, serpent, taureau, naga, garuda, yaksa...
- Les esprits en général,
- Les neak ta
Le culte des Neak ta est resté très vivace jusque dans les années 1970. Aujourd’hui il relève plus du folklore personnel et de la pensée magique… Cependant, le Neak ta reste indissociable de l'âme et de la vie quotidienne des Khmers, surtout en milieu rural.
Le paysan khmer distingue et oppose le srok, la terre du village conquise par l'homme, au prey, la forêt, l’espace des forces dangereuses qui peuvent à tout moment en sortir pour attaquer et déstabiliser les srok. Neak ta peut se traduire par l'ancêtre, l'ancien, celui qui le premier a défriché le prey, pour en faire un srok, un territoire pour les hommes. C'est le génie tutélaire de toute communauté villageoise et il en assure la cohésion sociale. Allant souvent par paires, ils sont invoqués en début de saison des pluies, en cas de sécheresse ou d'épidémie afin que "les gens du srok se portent bien et que le srok vive en tranquillité".
On pratique aussi au Cambodge le culte des ancêtres. Spectateurs actifs de la vie en société, ils sont toujours invités à venir prendre la nourriture disposée à leur intention lors des cérémonies familiales : mariage, naissance, décès, entrée dans une nouvelle maison... Ils sont ainsi tenus au courant, pris à témoin, et participent aux événements qui touchent leurs descendants.
Souvent surnommée le Far West khmer, la Province du Rotanah Kiri est une des régions les plus reculées du Cambodge. C’est aussi une des plus sauvages, aux terres rouges caractéristiques tranchant sur le vert des jungles. Très peu touristique (Y compris dans ses infrastructures), le Ratana Kiri est la destination idéale pour les amateurs de trek au milieu de grands espaces. A l’écart du monde moderne, cette région hors du temps permet la rencontre exceptionnelle avec ses minorités, dont les Khmers Loeu, de croyance animiste. “Khmer loeu”, signifie Khmer des montagnes, montagnes qui représentent pour eux des esprits majeurs. Les Provinces de Stoeng Treng et de Mondol Kiri abritent aussi de ces « Khmers d’en haut ». Sachez enfin que les Khmers loeu au Cambodge regroupent 8 sous-groupes de minorités ethniques proto-indochinoises : les Tampuan, les Jaraï, les Kreung, les Bru, les Kachok, les Kavet, les Kuy et les Lun. Vous croiserez probablement des Kreung, des Bru ou des Jarai lors de votre découverte du Cambodge hors des sentiers battus.
Formant la majeure partie de la population de la Province, les Khmers loeu vivent dans des villages de 30 à 70 familles. Ces villages sont généralement gouvernés par un conseil d'anciens ou par un chef de village. On retrouvera une structure massive commune (Chez les Kreung) entourée de grandes maisons habitées par des familles élargies (Chez les Jarai). Les frontons des maisons construites en bambou et en bois sont ornés de motifs géométriques de bambous tressés, dont la forme dépend de l’ethnie. Un village se présente en général avec une place principale au centre, au milieu de laquelle une immense pierre plate est dressée. Cette pierre sert de réceptacle aux sacrifices d’animaux qui ont lieu régulièrement afin d’honorer un dieu ou un génie. Chaque village est aussi généralement doté d’un temple animiste, construit de façon assez sommaire, reconnaissable aux carcasses d’animaux accrochés sur les murs en guise d’offrande. Vous remarquerez certainement à côté des maisons construites sur pilotis (en général 1 ou 1,50 mètre de hauteur), de très hautes cabanes, construites en arrondi, pouvant atteindre 5 mètres de haut. Il s’agit d’une coutume particulièrement étonnante des « Montagnards ». Lorsqu’une jeune fille est en âge de se marier, son père lui construit une petite maison en face de la demeure familiale. La demoiselle est considérée comme une jeune adulte et est libre de recevoir qui elle veut le soir dans sa couche. Une fois son choix fait et le mariage consommé, le jeune couple restera dans cette maisonnette en général jusqu’à l’accouchement. Notez que les Kroeungs construisent des hautes maisons de célibataires hommes… A l’extérieur des villages se trouvent les cimetières, dans lesquels se déroulent de nombreuses cérémonies et rituels pour aider les défunts à rejoindre l’autre monde. Les tombeaux sont finement décorés suivant des motifs propres à chaque ethnie.
Les conditions de vie de ces communautés locales sont toujours précaires, malgré un effort de tourisme communautaire. Le relatif isolement géographique, les tentatives « d’assimilation » au reste de la population du Cambodge, la déforestation – qui détruit non seulement des arrbres mais aussi des esprits, selon leurs croyances – incitent à rendre visite à ces populations avec respect et bienveillance. Gardant à l’esprit que demain, peut-être, elles ne seront plus là.
La région de Ratanakiri est soumise à un climat tropical avec une importante saison des pluies. La meilleure période se situe entre octobre et décembre et de janvier à mai.
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