Dans la liste des plus beaux temples de Siem Reap, il y a le Banteay Samré. Si son allure vous dit quelque chose, c’est normal, il a servi de décor dans le film « Deux Frères » de Jean-Jacques Annaud.
Banteay Samré est un des innombrables temples du complexe d’Angkor, mais il a pour lui d’être moins fréquenté que les autres temples du célèbre site et aussi de mettre en valeur la culture et l’architecture khmère.
La « Citadelle des Samré » - c’est la signification du nom du temple – se situe à environ 500 m à l’est du baray oriental, soit à 18 km de la ville de Siem Reap. Elle est accessible en 2 heures de tuk tuk, depuis le centre-ville. Si vous êtes déjà aux abords d’Angkor, il faudra à peine ½ heure pour y arriver par la route 810. Conseil : demandez à une agence de voyage spécialiste du Cambodge de vous organiser le déplacement et la visite – à coupler par exemple avec le Banteay Srei et/ou le Phnom Kulen, par exemple.
Le danger des temples d’Angkor, c’est le risque d’overdose ! Au bout d’un certain nombre de visites, ils finissent – apparemment – par tous se ressembler et une fois l’émerveillement passé, vient le côté blasé. Pourtant, Banteay Samre n’est pas de ces temples-là, il a quelque chose de spécial qui le fait « sortir du lot » : il ressemble à une miniature d’Angkor Wat.
La construction du temple a très probablement débuté courant du 12ème, sous le règne du roi Suryavarman II et s’est terminée sous Yasovarman II. Il est dédié à Vishnou, une des principales divinités de l’hindouisme. Quant à l’appellation « Samre », elle fait référence à une ethnie montagnarde qui peuplait autrefois la région entre le Tonlé Sap et Phnom Kulen. En 1909, il est avéré que le roi Sisowath appréciait écouter le dialecte primitif des samrés, conserve par quelques anciens de villages reculés. Mais aujourd’hui, cette population semble totalement effritée et diluée. Pour anecdote, samre, en cambodgien, signifie «le tatoué».
En 1930, Maurice Glaize, un membre de l’EFEO (École Française de l’Extrême Orient), redécouvre le site en ruines. Il s’attèlera dès lors à sa restauration/reconstruction entre 1936 à 1944, en utilisant la méthode d’anastylose pour reconstituer les différentes structures en ruine (c’est-à-dire qu’il a utilisé les éléments d’origine trouvés sur place, en a analysé les ajustements, pour reconstituer les ouvrages).
Dans les temps anciens, vivait un agriculteur local qui cultivait de délicieux concombres dans son champ. Après sa première récolte, il en fit présent de quelques-uns au roi. Ce dernier les apprécia tellement qu'il ordonna au fermier de tuer quiconque tenterait de les voler ou de pénétrer sur ses terres agricoles. Mais un jour, en fin de journée - poussé par la gourmandise ? - le roi, désireux de goûter les concombres, se rendit au champ pour en chercher. Comme la nuit commençait à tomber, le fermier ne reconnut pas le roi et le tua accidentellement. Comme le roi n'avait pas de fils, il fut décidé qu'un éléphant royal choisirait le prochain monarque. Une fois relâché, le pachyderme s'est dirigé vers les terres de notre agriculteur et… s’agenouilla devant le fermier, qui fut fait roi sur le champ . Les serviteurs royaux n'étaient cependant pas satisfaits du nouveau roi et lui manquaient de respect, sur quoi le roi a quitté le palais pour le temple de Banteay Samre.
Bon à savoir : Le temple de Banteay Samré est ouvert tous les jours de 07h30 jusqu’à 17h30.
Considéré comme la meilleure représentation de l’architecture khmère, le site regroupe un temple central, quatre gopura, une salle et deux bibliothèques. Son style architectural est identique à celui d’Angkor Wat, avec des tours, des balustrades et des portes-gopura délicatement construits, tout comme dans le célèbre complexe angkorien.
Le Banteay Samré est un temple-montagne hindouiste, un des rares du site qui soit réellement fortifié, avec son enceinte extérieure de plus de 6 mètres de haut et deux enceintes intérieures de 75 mètres sur 80 mètres puis de 40 mètres sur 45 mètres. Il a comme caractéristique unique un fossé intérieur avec un pavage en latérite. L'ensemble des bâtiments autour des douves repose sur un socle surélevé à moulures horizontales, décoré par endroits de figures encadrées de bourgeons de lotus. Depuis l'entrée Est, une passerelle pavée de latérite longue de 200 mètres avec une balustrade ornée de Nagas mène au temple. De chaque côté de la passerelle se trouve une piscine. Devant la porte orientale se trouve une terrasse avec des statues de lion, gardant le temple.
La deuxième enceinte est entourée de galeries, sauf à l'extrémité Est où elles ont probablement été démolies ou ruinées par le temps. A chaque extrémité se trouvent des portes d'entrée dites « gopura », dont les linteaux et frontons présentent des gravures exceptionnelles tant par la richesse des sujets que par leur traitement. On peut notamment reconnaitre les scènes très complexes et très détaillées de la mythologie hindoue :
Une scène de l'épopée du Ramayana : un combat entre le héros Rama et le Ravana à dix têtes
Indra le dieu de la guerre, chevauchant son éléphant à trois têtes baptisé Airavata
Autre scène du Ramayana : Lakshmana, frère du héros Rama est grièvement blessé lors d'une bataille avec Ravana et se meurt. Il est décidé qu'Hanuman doit aller dans l'Himalaya pour chercher une herbe qui peut guérir Lakshmana. Comme Hanuman ne sait pas quelle herbe est la bonne, il ramasse toute la montagne et la ramène à Lanka. L'herbe est donnée à Lakshmana, qui est immédiatement guéri.
D’autres récits mythologiques mettent en scène Vishnu, Garuda, Krishna, Rama combattant Ravana, Indra sur Airavata, une armée de singes combattant une bataille…
Le sanctuaire intérieur est situé sur une haute plate-forme surplombant le temple. Il est entouré de galeries basses avec une porte-gopura au milieu de chaque côté. Au centre de la plate-forme se trouve une tour- sanctuaire s'ouvrant sur des bâtiments séparés et des antichambres appelées antarala et mandapa. Autrefois utilisé comme un tombeau de pierre, le mandapa est une salle en forme de croix allongée. Lors de votre passage, vous pourrez encore y trouver un sarcophage en pierre.
De part et d'autre du sanctuaire se trouve un bâtiment faisant office bibliothèque et ouvrant sur un vestibule à l'ouest.
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